J’étais à Oualata ou l’autre visage du racisme d’Etat en Mauritanie
Boye Alassane Harouna
Ouvrage disponible dans votre Espace 80.
Un témoignage sur la répression visant les Mauritaniens négro-africains dans les années 1980
Depuis l'indépendance en 1960, l'Etat mauritanien a développé une
politique « raciale », discriminant et marginalisant l'entité
négro-africaine, au profit des Bidanes (arabo-berbères). Sous les
régimes successifs, les tensions entre
les deux communautés n'ont cessé de s'exacerber. En octobre 1987, une
vague d'arrestations s'abat sur Nouakchott, ciblant les cadres
militaires négro-africains. L'auteur fut emprisonné à Oualata (ou
Walata) puis à Aïoun. Il retrace ici les péripéties de l'engagement,
l'arrestation, le calvaire carcéral.
« Ils sont arrêtés,jugés,
condamnés à de lourdes peines. Les uns et les autres sont régroupés et
transférés à Walata. Là, ils sont emprisonnés dans des conditions si
dures, si inhumaines, que quatre parmi eux y trouvent la mort. C'est
leur engagement sous des formes différentes, contre le racisme d'Etat,
qui a conduit à leur détention. Leur jugement, les conditions de leur
détention portent l'empreinte du racisme d'État. Walata a révélé un
aspect encore méconnu du racisme d'État :son visage carcéral hideux,
abject. Ici on n'a pas affaire à un détenu tout court, mais à un détenu
négro-africain. Celui-ci, libre, est un citoyen de seconde zone.
Prisonnier, il est humilié, chosifié, avili. Le livre c'est la relation
de tout cela. Et Walata fut en quelque sorte l'illustration de tout
cela. (...)
L'idée d'écrire un livre sur nos arrestations , nos
conditions de détention, a commencé à germer en moi après le verdict du
3 décembre 1987; au moment précis où mes camarades et moi avions
constaté que nos trois camarades (Sarr Amadou, Bâ Seydi et Sy Saidou)
condamnés à la peine capitale n'étaient plus dans leur cellule
individuelle ; au moment `òu nous réalisions que l'hypothèse de leur
exécution, même si nous ne voulions y croire, n'était plus à écarter.
C'était le 6 décembre 1987. Nous ignorions encore que nos trois
camarades avaient été éxécutés à l'aube de ce jour.
Dès cet
instant, la décision d'écrire ce livre était prise. J'ignorais encore
que nous serions transférés à Walata en même temps que nos camarades
civils des FLAM. Walata m'a rendu plus résolu à écrire ce livre. C'est
pourquoi j'avais tenu un journal de prison. J'y mentionnais chaque
jour,autant que cela était possible, les faits saillants de notre vie
carcérale. Malgré les fouilles qu'effectuaient régulièrement nos
géoliers, ce journal a survécu. Il m'a été fort utile dans la rédaction
du livre. » (Alassane Harouna Boye)
Préface de Samba Thiam
Dans BiblioMonde
D’autres livres sur le contexte politique et sociétal en Mauritanie
D’autres livres sur les minorités en Mauritanie
Notre dossier sur la Mauritanie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire